Monday, March 23, 2009

". . .but you can't run away from yourself."

I run. . .

I run to
burn the beer belly
and blubber
from my bulbous
behind

I run to
conquer the chilling complacency
and cynicism
within my carping
cerebrum

I run to forget the fickle fancy
and fallacy
of my fading
Faith

I run to
smoother the searing spark
and singularity
of my sacrosanct
soul

I run. . .

because I
have nowhere
else to go
And no one
to share
My solitude

Thursday, August 7, 2008

"J'accuse. . .!" Par Émile Zola (13 Janvier 1898)

DISCLAIMER: Please put on your French translation glasses (sold separately) as the following is intended to be read, digested, and crystallized in the native tongue of Laetitia Casta (whose supple breasts are made of crème fraîche -- oh, where have you gone, Laetitia Casta?). Ahem. . .Without further ado, Mr. Zola!

Monsieur le Président,

Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m’avez fait un jour, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches?

Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les cœurs. Vous apparaissez rayonnant dans l’apothéose de cette fête patriotique que l’alliance russe a été pour la France, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition Universelle, qui couronnera notre grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom — j’allais dire sur votre règne — que cette abominable affaire Dreyfus! Un conseil de guerre vient, par ordre, d’oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, la France a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis.

Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis.

Et c’est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d’honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l’ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n’est à vous, le premier magistrat du pays?

La vérité d’abord sur le procès et sur la condamnation de Dreyfus.

Un homme néfaste a tout mené, a tout fait, c’est le lieutenant-colonel du Paty de Clam, alors simple commandant. Il est l’affaire Dreyfus tout entière; on ne la connaîtra que lorsqu’une enquête loyale aura établi nettement ses actes et ses responsabilités. Il apparaît comme l’esprit le plus fumeux, le plus compliqué, hanté d’intrigues romanesques, se complaisant aux moyens des romans-feuilletons, les papiers volés, les lettres anonymes, les rendez-vous dans les endroits déserts, les femmes mystérieuses qui colportent, de nuit, des preuves accablantes. C’est lui qui imagina de dicter le bordereau à Dreyfus; c’est lui qui rêva de l’étudier dans une pièce entièrement revêtue de glaces; c’est lui que le commandant Forzinetti nous représente armé d’une lanterne sourde, voulant se faire introduire près de l’accusé endormi, pour projeter sur son visage un brusque flot de lumière et surprendre ainsi son crime, dans l’émoi du réveil. Et je n’ai pas à tout dire, qu’on cherche, on trouvera. Je déclare simplement que le commandant du Paty de Clam, chargé d’instruire l’affaire Dreyfus, comme officier judiciaire, est, dans l’ordre des dates et des responsabilités, le premier coupable de l’effroyable erreur judiciaire qui a été commise.

Le bordereau était depuis quelque temps déjà entre les mains du colonel Sandherr, directeur du bureau des renseignements, mort depuis de paralysie générale. Des « fuites » avaient lieu, des papiers disparaissaient, comme il en disparaît aujourd’hui encore; et l’auteur du bordereau était recherché, lorsqu’un a priori se fit peu à peu que cet auteur ne pouvait être qu’un officier de l’état-major, et un officier d’artillerie: double erreur manifeste, qui montre avec quel esprit superficiel on avait étudié ce bordereau, car un examen raisonné démontre qu’il ne pouvait s’agir que d’un officier de troupe. On cherchait donc dans la maison, on examinait les écritures, c’était comme une affaire de famille, un traître à surprendre dans les bureaux mêmes, pour l’en expulser. Et, sans que je veuille refaire ici une histoire connue en partie, le commandant du Paty de Clam entre en scène, dès qu’un premier soupçon tombe sur Dreyfus. À partir de ce moment, c’est lui qui a inventé Dreyfus, l’affaire devient son affaire, il se fait fort de confondre le traître, de l’amener à des aveux complets. Il y a bien le ministre de la Guerre, le général Mercier, dont l’intelligence semble médiocre; il y a bien le chef de l’état-major, le général de Boisdeffre, qui paraît avoir cédé à sa passion cléricale, et le sous-chef de l’état-major, le général Gonse, dont la conscience a pu s’accommoder de beaucoup de choses. Mais, au fond, il n’y a d’abord que le commandant du Paty de Clam, qui les mène tous, qui les hypnotise, car il s’occupe aussi de spiritisme, d’occultisme, il converse avec les esprits. On ne saurait concevoir les expériences auxquelles il a soumis le malheureux Dreyfus, les pièges dans lesquels il a voulu le faire tomber, les enquêtes folles, les imaginations monstrueuses, toute une démence torturante.

Ah! cette première affaire, elle est un cauchemar, pour qui la connaît dans ses détails vrais! Le commandant du Paty de Clam arrête Dreyfus, le met au secret. Il court chez madame Dreyfus, la terrorise, lui dit que, si elle parle, son mari est perdu. Pendant ce temps, le malheureux s’arrachait la chair, hurlait son innocence. Et l’instruction a été faite ainsi, comme dans une chronique du XVe siècle, au milieu du mystère, avec une complication d’expédients farouches, tout cela basé sur une seule charge enfantine, ce bordereau imbécile, qui n’était pas seulement une trahison vulgaire, qui était aussi la plus impudente des escroqueries, car les fameux secrets livrés se trouvaient presque tous sans valeur. Si j’insiste, c’est que l’œuf est ici, d’où va sortir plus tard le vrai crime, l’épouvantable déni de justice dont la France est malade. Je voudrais faire toucher du doigt comment l’erreur judiciaire a pu être possible, comment elle est née des machinations du commandant du Paty de Clam, comment le général Mercier, les généraux de Boisdeffre et Gonse ont pu s’y laisser prendre, engager peu à peu leur responsabilité dans cette erreur, qu’ils ont cru devoir, plus tard, imposer comme la vérité sainte, une vérité qui ne se discute même pas. Au début, il n’y a donc, de leur part, que de l’incurie et de l’inintelligence. Tout au plus, les sent-on céder aux passions religieuses du milieu et aux préjugés de l’esprit de corps. Ils ont laissé faire la sottise.

Mais voici Dreyfus devant le conseil de guerre. Le huis clos le plus absolu est exigé. Un traître aurait ouvert la frontière à l’ennemi pour conduire l’empereur allemand jusqu’à Notre-Dame, qu’on ne prendrait pas des mesures de silence et de mystère plus étroites. La nation est frappée de stupeur, on chuchote des faits terribles, de ces trahisons monstrueuses qui indignent l’Histoire; et naturellement la nation s’incline. Il n’y a pas de châtiment assez sévère, elle applaudira à la dégradation publique, elle voudra que le coupable reste sur son rocher d’infamie, dévoré par le remords. Est-ce donc vrai, les choses indicibles, les choses dangereuses, capables de mettre l’Europe en flammes, qu’on a dû enterrer soigneusement derrière ce huis clos? Non! il n’y a eu, derrière, que les imaginations romanesques et démentes du commandant du Paty de Clam. Tout cela n’a été fait que pour cacher le plus saugrenu des romans-feuilletons. Et il suffit, pour s’en assurer, d’étudier attentivement l’acte d’accusation, lu devant le conseil de guerre.

Ah! le néant de cet acte d’accusation ! Qu’un homme ait pu être condamné sur cet acte, c’est un prodige d’iniquité. Je défie les honnêtes gens de le lire, sans que leur cœurs bondisse d’indignation et crie leur révolte, en pensant à l’expiation démesurée, là-bas, à l’île du Diable. Dreyfus sait plusieurs langues, crime; on n’a trouvé chez lui aucun papier compromettant, crime; il va parfois dans son pays d’origine, crime; il est laborieux, il a le souci de tout savoir, crime; il ne se trouble pas, crime; il se trouble, crime. Et les naïvetés de rédaction, les formelles assertions dans le vide! On nous avait parlé de quatorze chefs d’accusation: nous n’en trouvons qu’une seule en fin de compte, celle du bordereau; et nous apprenons même que les experts n’étaient pas d’accord, qu’un d’eux, M. Gobert, a été bousculé militairement, parce qu’il se permettait de ne pas conclure dans le sens désiré. On parlait aussi de vingt-trois officiers qui étaient venus accabler Dreyfus de leurs témoignages. Nous ignorons encore leurs interrogatoires, mais il est certain que tous ne l’avaient pas chargé; et il est à remarquer, en outre, que tous appartenaient aux bureaux de la guerre. C’est un procès de famille, on est là entre soi, et il faut s’en souvenir: l’état-major a voulu le procès, l’a jugé, et il vient de le juger une seconde fois.

Donc, il ne restait que le bordereau, sur lequel les experts ne s’étaient pas entendus. On raconte que, dans la chambre du conseil, les juges allaient naturellement acquitter. Et, dès lors, comme l’on comprend l’obstination désespérée avec laquelle, pour justifier la condamnation, on affirme aujourd’hui l’existence d’une pièce secrète, accablante, la pièce qu’on ne peut montrer, qui légitime tout, devant laquelle nous devons nous incliner, le bon Dieu invisible et inconnaissable! Je la nie, cette pièce, je la nie de toute ma puissance! Une pièce ridicule, oui, peut-être la pièce où il est question de petites femmes, et où il est parlé d’un certain D... qui devient trop exigeant: quelque mari sans doute trouvant qu’on ne lui payait pas sa femme assez cher.
Mais une pièce intéressant la défense nationale, qu’on ne saurait produire sans que la guerre fût déclarée demain, non, non! C’est un mensonge! et cela est d’autant plus odieux et cynique qu’ils mentent impunément sans qu’on puisse les en convaincre. Ils ameutent la France, ils se cachent derrière sa légitime émotion, ils ferment les bouches en troublant les cœurs, en pervertissant les esprits. Je ne connais pas de plus grand crime civique.

Voilà donc, monsieur le Président, les faits qui expliquent comment une erreur judiciaire a pu être commise; et les preuves morales, la situation de fortune de Dreyfus, l’absence de motifs, son continuel cri d’innocence, achèvent de le montrer comme une victime des extraordinaires imaginations du commandant du Paty de Clam, du milieu clérical où il se trouvait, de la chasse aux « sales juifs », qui déshonore notre époque.

Et nous arrivons à l’affaire Esterhazy. Trois ans se sont passés, beaucoup de consciences restent troublées profondément, s’inquiètent, cherchent, finissent par se convaincre de l’innocence de Dreyfus.

Je ne ferai pas l’historique des doutes, puis de la conviction de M. Scheurer-Kestner. Mais, pendant qu’il fouillait de son côté, il se passait des faits graves à l’état-major même. Le colonel Sandherr était mort, et le lieutenant-colonel Picquart lui avait succédé comme chef du bureau des renseignements. Et c’est à ce titre, dans l’exercice de ses fonctions, que ce dernier eut un jour entre les mains une lettre-télégramme, adressée au commandant Esterhazy, par un agent d’une puissance étrangère. Son devoir strict était d’ouvrir une enquête. La certitude est qu’il n’a jamais agi en dehors de la volonté de ses supérieurs. Il soumit donc ses soupçons à ses supérieurs hiérarchiques, le général Gonse, puis le général de Boisdeffre, puis le général Billot, qui avait succédé au général Mercier comme ministre de la Guerre. Le fameux dossier Picquart, dont il a été tant parlé, n’a jamais été que le dossier Billot, j’entends le dossier fait par un subordonné pour son ministre, le dossier qui doit exister encore au ministère de la Guerre. Les recherches durèrent de mai à septembre 1896, et ce qu’il faut affirmer bien haut, c’est que le général Gonse était convaincu de la culpabilité d’Esterhazy, c’est que le général de Boisdeffre et le général Billot ne mettaient pas en doute que le bordereau ne fût de l’écriture d’Esterhazy. L’enquête du lieutenant-colonel Picquart avait abouti à cette constatation certaine. Mais l’émoi était grand, car la condamnation d’Esterhazy entraînait inévitablement la révision du procès Dreyfus; et c’était ce que l’état-major ne voulait à aucun prix.

Il dut y avoir là une minute psychologique pleine d’angoisse. Remarquez que le général Billot n’était compromis dans rien, il arrivait tout frais, il pouvait faire la vérité. Il n’osa pas, dans la terreur sans doute de l’opinion publique, certainement aussi dans la crainte de livrer tout l’état-major, le général de Boisdeffre, le général Gonse, sans compter les sous-ordres. Puis, ce ne fut là qu’une minute de combat entre sa conscience et ce qu’il croyait être l’intérêt militaire. Quand cette minute fut passée, il était déjà trop tard. Il s’était engagé, il était compromis. Et, depuis lors, sa responsabilité n’a fait que grandir, il a pris à sa charge le crime des autres, il est aussi coupable que les autres, il est plus coupable qu’eux, car il a été le maître de faire justice, et il n’a rien fait. Comprenez-vous cela ! Voici un an que le général Billot, que les généraux de Boisdeffre et Gonse savent que Dreyfus est innocent, et ils ont gardé pour eux cette effroyable chose ! Et ces gens-là dorment, et ils ont des femmes et des enfants qu’ils aiment!

Le colonel Picquart avait rempli son devoir d’honnête homme. Il insistait auprès de ses supérieurs, au nom de la justice. Il les suppliait même, il leur disait combien leurs délais étaient impolitiques, devant le terrible orage qui s’amoncelait, qui devait éclater, lorsque la vérité serait connue. Ce fut, plus tard, le langage que M. Scheurer-Kestner tint également au général Billot, l’adjurant par patriotisme de prendre en main l’affaire, de ne pas la laisser s’aggraver, au point de devenir un désastre public. Non ! Le crime était commis, l’état-major ne pouvait plus avouer son crime. Et le lieutenant-colonel Picquart fut envoyé en mission, on l’éloigna de plus en plus loin, jusqu’en Tunisie, où l’on voulut même un jour honorer sa bravoure, en le chargeant d’une mission qui l’aurait sûrement fait massacrer, dans les parages où le marquis de Morès a trouvé la mort. Il n’était pas en disgrâce, le général Gonse entretenait avec lui une correspondance amicale. Seulement, il est des secrets qu’il ne fait pas bon d’avoir surpris.

À Paris, la vérité marchait, irrésistible, et l’on sait de quelle façon l’orage attendu éclata. M. Mathieu Dreyfus dénonça le commandant Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau, au moment où M. Scheurer-Kestner allait déposer, entre les mains du garde des Sceaux, une demande en révision du procès. Et c’est ici que le commandant Esterhazy paraît. Des témoignages le montrent d’abord affolé, prêt au suicide ou à la fuite. Puis, tout d’un coup, il paye d’audace, il étonne Paris par la violence de son attitude. C’est que du secours lui était venu, il avait reçu une lettre anonyme l’avertissant des menées de ses ennemis, une dame mystérieuse s’était même dérangée de nuit pour lui remettre une pièce volée à l’état-major, qui devait le sauver. Et je ne puis m’empêcher de retrouver là le lieutenant-colonel du Paty de Clam, en reconnaissant les expédients de son imagination fertile. Son œuvre, la culpabilité de Dreyfus, était en péril, et il a voulu sûrement défendre son œuvre. La révision du procès, mais c’était l’écroulement du roman- feuilleton si extravagant, si tragique, dont le dénouement abominable a lieu à l’île du Diable! C’est ce qu’il ne pouvait permettre. Dès lors, le duel va avoir lieu entre le lieutenant-colonel Picquart et le lieutenant-colonel du Paty de Clam, l’un le visage découvert, l’autre masqué. on les retrouvera prochainement tous deux devant la justice civile. Au fond, c’est toujours l’état-major qui se défend, qui ne veut pas avouer son crime, dont l’abomination grandit d’heure en heure.

On s’est demandé avec stupeur quels étaient les protecteurs du commandant Esterhazy. C’est d’abord, dans l’ombre, le lieutenant-colonel du Paty de Clam qui a tout machiné, qui a tout conduit. Sa main se trahit aux moyens saugrenus. Puis, c’est le général de Boisdeffre, c’est le général Gonse, c’est le général Billot lui-même, qui sont bien obligés de faire acquitter le commandant, puisqu’ils ne peuvent laisser reconnaître l’innocence de Dreyfus, sans que les bureaux de la guerre croulent dans le mépris public. Et le beau résultat de cette situation prodigieuse est que l’honnête homme, là-dedans, le lieutenant-colonel Picquart, qui seul a fait son devoir, va être la victime, celui qu’on bafouera et qu’on punira. Ô justice, quelle affreuse désespérance serre le cœur ! On va jusqu’à dire que c’est lui le faussaire, qu’il a fabriqué la carte-télégramme pour perdre Esterhazy. Mais, grand Dieu! pourquoi? dans quel but? donnez un motif. Est-ce que celui-là aussi est payé par les juifs ? Le joli de l’histoire est qu’il était justement antisémite. Oui ! nous assistons à ce spectacle infâme, des hommes perdus de dettes et de crimes dont on proclame l’innocence, tandis qu’on frappe l’honneur même, un homme à la vie sans tache! Quand une société en est là, elle tombe en décomposition.

Voilà donc, monsieur le Président, l’affaire Esterhazy: un coupable qu’il s’agissait d’innocenter. Depuis bientôt deux mois, nous pouvons suivre heure par heure la belle besogne. J’abrège, car ce n’est ici, en gros, que le résumé de l’histoire dont les brûlantes pages seront un jour écrites tout au long. Et nous avons donc vu le général de Pellieux, puis le commandant Ravary, conduire une enquête scélérate d’où les coquins sortent transfigurés et les honnêtes gens salis. Puis, on a convoqué le conseil de guerre.

Comment a-t-on pu espérer qu’un conseil de guerre déferait ce qu’un conseil de guerre avait fait?

Je ne parle même pas du choix toujours possible des juges. L’idée supérieure de discipline, qui est dans le sang de ces soldats, ne suffit-elle à infirmer leur pouvoir d’équité? Qui dit discipline dit obéissance. Lorsque le ministre de la Guerre, le grand chef, a établi publiquement, aux acclamations de la représentation nationale, l’autorité de la chose jugée, vous voulez qu’un conseil de guerre lui donne un formel démenti? Hiérarchiquement, cela est impossible. Le général Billot a suggestionné les juges par sa déclaration, et ils ont jugé comme ils doivent aller au feu, sans raisonner. L’opinion préconçue qu’ils ont apportée sur leur siège, est évidemment celle-ci: « Dreyfus a été condamné pour crime de trahison par un conseil de guerre, il est donc coupable ; et nous, conseil de guerre, nous ne pouvons le déclarer innocent; or nous savons que reconnaître la culpabilité d’Esterhazy, ce serait proclamer l’innocence de Dreyfus. » Rien ne pouvait les faire sortir de là.

Ils ont rendu une sentence inique, qui à jamais pèsera sur nos conseils de guerre, qui entachera désormais de suspicion tous leurs arrêts. Le premier conseil de guerre a pu être inintelligent, le second est forcément criminel. Son excuse, je le répète, est que le chef suprême avait parlé, déclarant la chose jugée inattaquable, sainte et supérieure aux hommes, de sorte que des inférieurs ne pouvaient dire le contraire. On nous parle de l’honneur de l’armée, on veut que nous l’aimions, la respections. Ah! certes, oui, l’armée qui se lèverait à la première menace, qui défendrait la terre française, elle est tout le peuple, et nous n’avons pour elle que tendresse et respect. Mais il ne s’agit pas d’elle, dont nous voulons justement la dignité, dans notre besoin de justice. Il s’agit du sabre, le maître qu’on nous donnera demain peut-être. Et baiser dévotement la poignée du sabre, le dieu, non!

Je l’ai démontré d’autre part: l’affaire Dreyfus était l’affaire des bureaux de la guerre, un officier de l’état-major, dénoncé par ses camarades de l’état-major, condamné sous la pression des chefs de l’état-major. Encore une fois, il ne peut revenir innocent sans que tout l’état-major soit coupable. Aussi les bureaux, par tous les moyens imaginables, par des campagnes de presse, par des communications, par des influences, n’ont-ils couvert Esterhazy que pour perdre une seconde fois Dreyfus. Quel coup de balai le gouvernement républicain devrait donner dans cette jésuitière, ainsi que les appelle le général Billot lui-même! Où est-il, le ministère vraiment fort et d’un patriotisme sage, qui osera tout y refondre et tout y renouveler? Que de gens je connais qui, devant une guerre possible, tremblent d’angoisse, en sachant dans quelles mains est la défense nationale! Et quel nid de basses intrigues, de commérages et de dilapidations, est devenu cet asile sacré, où se décide le sort de la patrie ! On s’épouvante devant le jour terrible que vient d’y jeter l’affaire Dreyfus, ce sacrifice humain d’un malheureux, d’un « sale juif »! Ah! tout ce qui s’est agité là de démence et de sottise, des imaginations folles, des pratiques de basse police, des mœurs d’inquisition et de tyrannie, le bon plaisir de quelques galonnés mettant leurs bottes sur la nation, lui rentrant dans la gorge son cri de vérité et de justice, sous le prétexte menteur et sacrilège de la raison d’État!

Et c’est un crime encore que de s’être appuyé sur la presse immonde, que de s’être laissé défendre par toute la fripouille de Paris, de sorte que voilà la fripouille qui triomphe insolemment, dans la défaite du droit et de la simple probité. C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes, lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent complot d’imposer l’erreur, devant le monde entier. C’est un crime d’égarer l’opinion, d’utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu’on a pervertie jusqu’à la faire délirer. C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de réaction et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des œuvres de haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l’œuvre prochaine de vérité et de justice.Cette vérité, cette justice, que nous avons si passionnément voulues, quelle détresse à les voir ainsi souffletées, plus méconnues et plus obscurcies! Je me doute de l’écroulement qui doit avoir lieu dans l’âme de M. Scheurer-Kestner, et je crois bien qu’il finira par éprouver un remords, celui de n’avoir pas agi révolutionnairement, le jour de l’interpellation au Sénat, en lâchant tout le paquet, pour tout jeter à bas. Il a été le grand honnête homme, l’homme de sa vie loyale, il a cru que la vérité se suffisait à elle- même, surtout lorsqu’elle lui apparaissait éclatante comme le plein jour. A quoi bon tout bouleverser, puisque bientôt le soleil allait luire? Et c’est de cette sérénité confiante dont il est si cruellement puni. De même pour le lieutenant-colonel Picquart, qui, par un sentiment de haute dignité, n’a pas voulu publier les lettres du général Gonse. Ces scrupules l’honorent d’autant plus que, pendant qu’il restait respectueux de la discipline, ses supérieurs le faisaient couvrir de boue, instruisaient eux-mêmes son procès, de la façon la plus inattendue et la plus outrageante. Il y a deux victimes, deux braves gens, deux cœurs simples, qui ont laissé faire Dieu, tandis que le diable agissait. Et l’on a même vu, pour le lieutenant-colonel Picquart, cette chose ignoble : un tribunal français, après avoir laissé le rapporteur charger publiquement un témoin, l’accuser de toutes les fautes, a fait le huis clos, lorsque ce témoin a été introduit pour s’expliquer et se défendre. Je dis que ceci est un crime de plus et que ce crime soulèvera la conscience universelle. Décidément, les tribunaux militaires se font une singulière idée de la justice.

Telle est donc la simple vérité, monsieur le Président, et elle est effroyable, elle restera pour votre présidence une souillure. Je me doute bien que vous n’avez aucun pouvoir en cette affaire, que vous êtes le prisonnier de la Constitution et de votre entourage. Vous n’en avez pas moins un devoir d’homme, auquel vous songerez, et que vous remplirez. Ce n’est pas, d’ailleurs, que je désespère le moins du monde du triomphe. Je le répète avec une certitude plus véhémente: la vérité est en marche et rien ne l’arrêtera. C’est d’aujourd’hui seulement que l’affaire commence, puisque aujourd’hui seulement les positions sont nettes: d’une part, les coupables qui ne veulent pas que la lumière se fasse; de l’autre, les justiciers qui donneront leur vie pour qu’elle soit faite. Je l’ai dit ailleurs, et je le répète ici: quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. on verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres.

Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure. J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle.

J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l’état-major compromis.

J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche sainte, inattaquable.

J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.

J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.

J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et dans L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.

J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.

En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.

Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.

Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour! J’attends.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.

Saturday, April 26, 2008

Magical Mystery Tour (July 8, 2000)

Chunnel from London to Brussels
11:45 a.m. local time

London: "I was looking for some action but all I found were cigarettes & alcohol. . ."

The land of Shakespeare and the Beatles. The land of impeccable public transport and pretty blondes. The land of greenery and graffiti. . .London, that cosmopolitan nexus of everything politely cool.

Tourist spots were hit and more than often an awe to behold. Big Ben not quite so large while the Thames smelled of piss. Westminster Abbey a subtly grand site, along with the House of Parliament. Shall I recount the day? Last. . .no, yesterday 8/7/00 in Euro jargon.

Buckingham Palace seemed not too grand or lavish at all, though well protected by barbed wires. Met a Russian girl named N., pretty dark haired and a good mix of A. Hepburn and A. Judd. Regret not getting her number, though J. retorts about other chances. We shall see. . .

Bar scene & Piccadilly Circus. . .full of people and, did I mention, pretty blondes? Cheers. . .and a nice Italian restaurant. "Three o'clock in the morning," it's not quiet & there are plenty of people around. Sorry, Bono. This city does not sleep. . .though expensive as hell.

Yet in the end, the love you take is. . .Abbey Road, EMI Studios, Zebra Crossing & Magic! One of my life's minor goals has been accomplished as of 7:00 p.m. London time, July 7, 2000. (Hope the pix develop.) Jai Guru Deva, London, as the English countryside flashes before me and seedy Amsterdam awaits like a newly recruited whore in the night. . .

Ah, almost and almost regrettably forgot about the Tate and British Museum. Must apologize for this glaring error since my mind does not function with this dearth of sleep. Tate -- Ophelia and JWR Turner's Napoleon, Storm, and works only seen in history books now have been seen in person. "No one's ever takin' me". . .though I'm privileged to go myself.

British Museum. Parthenon. Winged Bulls. Rosetta Stone. Amphora Vases. Egyptian Sarcophagi. Greek Marbles. My words would shame their beauty. An out of body experience that will seldom be equaled in my life. Or, at least until Le Louvre. . .

Monday, January 14, 2008

The Prime Directive

Coming back from a prolonged holiday vacation to the Motherland, I have this tendency to reflect. So indulge me yet again, faithful reader, as I skirt on issues ranging from alienation, death, love, and balut . . .

'Tis an odd thing to have been born and partially raised in one country and then transplanted to another. It makes one feel a bit of an outsider on both fronts. With respect to the Motherland, one retains a base understanding of the culture -- i.e. the language, rudimentary social customs, superficial familiarity with geography -- yet somehow still feels anachronistic with the native environment. Meanwhile, one feels assuredly comfortable in the New World with its conveniences, distractions, and opportunities; however, there is also an inner feeling that no matter how hard one tries, they are always seen as the Other by more established New Worlders. In essence, one feels deep nostalgia for the Motherland and a burgeoning future with the New World. However, one does not belong to either . . .

Should death be feared? Obviously when death is unexpected and swift, one cannot even muster any type of emotion, let alone apprehension, of the coming end. It just happens, loved ones are shocked and mourn, and tales shall be told that it was not yet your time. But what if death is expected? What if the Reaper resides in your sanctuary, slowly and painfully draining your life essence away? What if your loved ones, with all good intent, take on the arduous and fruitless task of staving away the inevitable like some Sisyphean challenge? What of this sort of death? I have no answers, dear reader. I bore witness to this and not wish it upon any individual . . .

What are the boundaries of love? Yes, it is safe to proclaim that inter-species love is universally frowned upon! (To quote the immortal Chappelle: "Last night Chim-Chim jerked me off with his feet . . . only a monkey can show you that kind of love and tenderness!") Hypothetically, what if you found a love like no other but can never act on it for it will, quite literally, destroy so much? The sane thing would be to nip it in the bud, but no one ever does the sane thing when it comes to love. The soft dive of oblivion, indeed . . .

And, finally, when eating balut, make sure the requisite 17 days have passed or else . . . 'nuff said.

Monday, November 26, 2007

Ode to Joy or: How I Learned to Stop Worrying and Love Apathy

I am a firm disbeliever of happiness.

Dear reader, please do not mistake my statement for outright nihilism. I DO believe in and attest to the truth on certain uncontroverted matters:

i) The earth revolves around the sun;

ii) Laetitia Casta (circa turn of the century) was the pinnacle of feminine hotness;

iii) If an integer n is greater than 2, then a^n + b^n = c^n has no solutions in non-zero integers a, b, and c ('tis true, just use elliptic curves and solve for n=4 and prime numbers, many thanks Sir Wiles);

iv) The only thing necessary for the triumph of evil is for good men to do nothing;

v) Yoko and me (and that's reality).

But, happiness? Nay, it can neither be attained in this world nor the next! Rather, dear reader, I subscribe to a slightly more skewed, yet practical, philosophy on life I term, "MOMENTS OF EPHEMERAL JOY SPARSELY SPREAD AMONGST ONE'S MUNDANE ROTE EXISTENCE and stuff . . ."

Moments of minute episodes of joy. No delusional promise of the city-state of Shangri-La happiness. Let your mind marinate on that for an atomic minute.

Interesting philosophy, you smirk with teeming condescension. But, pray tell, have you any concrete examples of such "moments of ephemeral joy"? Pergunta boa, meu amigo!

The key to this philosophy of joy, not unlike the underpinnings of space and time, is relative: the individual defines his/her moments of joy. For an avid runner like myself, running ten miles to and fro along the beach between Manhattan and Hermosa any given Saturday morning qualifies as a moment of joy. Or receiving a text from Maganda. Or waxing philosophies with Balong. Or drinking and chewing the cud with the Spearhead Commander. Or running (lately, runwalking) with Lard Boy. Or watching Ysabella with Mom. Or talking about the good ol' days with Inay. Or getting an e-mail from Elleigeiram. Or watching the sunrise. Or watching an old episode of ST:TNG (especially anything involving Q, Lor, or the Holodeck). Or seeing childhood pictures. Or singing Karaoke (that is the magic word!). Or watching the last scene of Field of Dreams when Ray Kinsella asks his dad to play catch with him (lump in my throat sprinkled with a warm fuzzy feeling everytime). Or reading My Blog. Or . . .

Dear reader, if there is one undeniably lame public service announcement I may espouse, it is simply this: acknowledge those little moments of joy that enrich your life. The cosmos shall grant you no less and no more. And, at the end of things, pray that your lifetime MOJs (that's "moments of joy" for you damned text happy freaks) total more time than your time spent wiping your asshole. A man can dream, n'est pas?

Friday, November 16, 2007

Rise

Sometimes ending it seems the simplest
Solution
Such a sublime finality
To stop the suffering
And let it all go
Poof!
A gunshot
A wrist cut
Blood draining out of you
Freedom from
Your mortal shell
Free from your solitude
Escape from your worries
Sleep, perchance to dream
Gone, gone the form
Of man
This corpse shall
Ne'er arise again.

Why waste a precious
Second, minute, hour, day?
Infinity is but
An overdose away.
Breathe in your last
Breath
Release your grip
From the mortal plane
Embrace the vastness
Of the undiscovered
Country.

Love has nothing to do
With how you feel,
Regret has gone
The way of pride
What has shame
Got to do
When your Ego
Has no place
To hide?

Let go, let go
It would be too easy
So final
So sweet
Akin to just taking
A quiet stroll
On a white sand beach:
Taste the salty air
Feel the warmth of the breeze
Gaze at the sunset
Cherish it,
Would it be
So much sweeter
If it were your last!

Are you a coward
For saying such things?
Are you an outcast
Like Cain, Judas, or
Morningstar?
When have you gone
a smidgen
Too far?
Where is the snag
On the tightrope
You walk?
Who, if anyone,
Dares to fly
So close to the sun?

Laugh at those ants,
Fools mortals be!
Don't they know
Life's no big
Mystery.
It flows like a
River
downstream
endlessly
Past the troughs
And crests of
Mortality.
The cataracts of
Despair, conceit
And treachery,
Its source is high
On the mountain
Of faith
And its estuaries
Lead to a boundless
Ocean.

Along the river banks
One will meet
Such wondrous
Souls
And memorable loves,
Kind warm faces
Noble spirits
Places I remember
Loves never regretted
What a journey!
A short thread
Of cosmic happenstance
Beautiful
Pure
Never to be
Repeated
Again . . .

So allow It to end
Or continue to fall
Whatever you decide
It's not your
Decision
At all.
You shall one day
Later or sooner
Find that there
Are no more
Miles
to travel.

So,
Rise
Fight
Run
Make love
Dance under the moon
Drink and be merry
Cheat, steal,
Fornicate
Hate
Shit, piss
Stay up late,
Kiss, caress
Watch her undress
Wake up
Dream
Bang your drums
And let them know
that you stand
Here, now
Not ready to go.

Make your mark
Cover your dirty fingers
With your money
Chastise those
Who don't have any.
Fill it up
Fill her up
Wage your wars
Plunder and rape
Take her out
On a romantic date.

Let it be
Or end it now

Desire a good death
Since no one
Is ever
Promised
A good life.

Wednesday, November 7, 2007

Spirits in the Material World

Dear reader, I fancy myself as leading a sparse, spartan, and spendthrift lifestyle (praise to you, oh alliteration gods!). My "appetites" are comparatively modest or, as some liken them, borderline, ahem, anorexic . . .

Before going any further, I implore you dear reader to halt your concerns -- I am far from the likes of homeless blind transients who unwittingly slept with their mother and are destined to slay their father! (Besides, Oedipal complexes are best saved for another blog.) However, to paraphrase another self-imposed homeless individual, the unexamined life is not worth blogging about! In other words, upon closer scrutiny, am I, like those with similar modest and middle-class pedigrees who liken themselves as LIBSTERS (yeah, that would be a portmanteau of "Liberal hipsters"), really nothing more than a closet PIGALIST (in layman's terms, "pig capitalist")?

Well, when I am at a cross-roads and cannot seem to set things straight, I at least know to whom to turn. No, dear reader, not Jesus or my parents or parish priest or Capt. Jean-Luc Picard or even that lovely blue-eyed brunette from Amsterdam who only cost 50 guilders (yeah, that would be another blog). No, the man of which I speak is none other than that great American comedian/social commentator, Jeffrey M. Foxworthy. Thank you, Mr. Foxworthy: your tried and true, innocuously jocular the first listen yet Chinese water torture all subsequent times, stand-up routine is the key to my conundrum lock, the hot blade to my Gordian knot.

So, without further ado, my dear reader . . .

You Might Be a PIGALIST If:

1. You own more than 5 pairs of shoes. Or just one pair of Salvatore Ferragamo kicks.

2. Lie awake at night because you have a lousy 720p flatscreen instead of the "true" hi-def 1080p version.

3. Own more than 1 of the aforementioned inferior 720p flatscreens.

4. Paid for the LE version of your car instead of the base model because you preferred the faux wood grain interior.

5. Cannot live without your TiVo or DVR.

6. Think people who access the Internet via dial-up belong in a separate socioeconomic class.

7. Defer from buying any new movies on DVD since you know you'll be buying the Blu-ray or HD DVD version soon [pending 1) who wins the format war and 2) when those blasted high def. players go south of 3 bills].

8. Have ever paid more for the sake than the entire sushi meal.

9. Own a pair of Diesel jeans.

10. Could not pass up Clash of the Titans for $9 at the local TAR-jay. (Actually, this could just qualify you as a damn smart shopper, son! And to digress, the movie is arguably Ray Harryhausen's best work, rivaling his stop-motion action awesomeness in Jason and the Argonauts. As a child, I never so wanted to pee in my pajamas as when I heard the menacing rattle of Medusa's slithering tail. And who can forget fair Andromeda and those innocent, yet subliminally sensual, moonlit scenes while she slumbers in her bedchamber tower (right before the giant vulture whisks her spirit away in a human sized birdcage)? And Bubo the mechanical, golden owl made in the likeness of great Pallas Athena's own immortal owl by the hands of the lame god blacksmith Hephaestus? Do not get me started!)

11. Own a desktop and a laptop and a Treo with Internet access and wireless Bluetooth.

Tuesday, November 6, 2007

Corn & Flour

Instead of tackling some of the more complex and fundamental questions of life (i.e. "Why are we here?," "Is there a God?," "Do these jeans make me look fat?"), let us essay, dear reader, to solve, once and for all, the slightly less intricate, yet equally intriguing, query:

"Should I go with the corn or flour tortilla?"

Scoff all you want my befuddled reader. Yet, try and not to sing my praises when next you purvey such fine establishments as Chevy's, El Pollo Loco, Baja Fresh, or Tito's Tacos and are asked this dire question. Ha! You shall impress the cashier/waiter by not even hesitating, not spending a single nanosecond of quietude in contemplation, and look them squarely in the eye with a supremely confident answer. Indeed, the aforementioned cashier/waiter will surely admit afterwards, "By Jove, there is an individual who knows what they want. There is an individual who has put in some study and made an informed decision about their tortilla. Such an individual I shall gladly bear their cross and follow to the ends of the earth!"

However, rather than confront this culinary dilemma with any coherent polemic, I simply offer a tune one can recite prior to ordering:

Some like their tortillas made from flour,
Some prefer corn.
From what I've tasted of burritos
I hold with those who favor flour.
But if to suffer indigestion twice,
I think I know enough of heartburn
To say that for my palette maize
Is also tasty
And would amaze.

Via con dios, mi amigos.

Monday, November 5, 2007

Sing to me, O Muses

Sing to me, O Muses . . .

"Self discipline is what I need to sustain my existence and find meaning of why I am here whether it be to be successful, have a family and help others or to wantonly kill those who try to hold me down in my quest for true enlightenment or search for the very existence of a God who seems hapless in aiding his children in this world full of vile creatures and hungry appetites yearning to quash the hopes and dreams of those who dare assert their independence and who continually remind them that they are bound under the chains of slavery imposed by themselves because freedom cannot be attained in this world or the next."

All hail the divine Father Cockroach who bleeds honey from its frothing mouth yet chooses not to suckle the starving masses yearning to eat the honey ambrosia that will grant them freedom and immortality!!! All hail the Son Dung Beetle who will come in glory to judge the penny pushers and perverted holy men who through the ages called on His name to spread lies and flies to justify their oppressive thumbs on His trash bin flock. And all hail the Horny Satyr who comes in the night inspiring the Selected Drones to speak in tongues and spread the Word to the future generations who would later pervert, prophesize and print the Word on pages used to wipe their stuffed mouths and shit-laced assholes.

I shall sing a new song while waiting for Godot. I shall clean my soul at the car wash and get my spirit detailed. I shall taint my body with sweet tasting drinks that will corrode my teeth and eat of the sacred herd like Odysseus' men while counting my mortality away. I shall let you eat my bread and drink from my cup and ravage you until I have had enough. I shall struggle for my will to power only to have others borrow my words in the name of genocide. I shall reveal the truth behind our origins while you will use that knowledge to separate us as man and beast. I shall dream of Utopia wrought in blood won by those wearing blue collars, and yet you turn it into a nightmare world with seven-year plans and mass killings. I shall march on the steps of your capital with my brethren in busloads, and you shall kill me out of ignorance. I shall imagine a world without your kind and sing a song of peace; you shall murder me and make my legend increase. And all the while I shall wait patiently for Godot who sends me signs and miracles to keep me on my toes.

But I am a man fraught with guilt, sin and flies in my stomach that weigh me down. I dream of flying to the sun but fear my wax wings will melt and have me drown. I sense the doom in the horizon and tragedy of life, but I am sustained by a nagging inner light like those cheesy glowing hearts in those pictures of Christ. Mother Theresa and Schweitzer are no longer -- they might have served as examples. Zimmerman protests too much and sings with a nasal snarl, while those lads from the working class who changed the world are without their leader and have become aging capitalists with no more melodies. Movies stumble to tell a tale and have become a squire to the Knights of the Round Box Office. The Blind Poet of Antiquity seems not to have even existed, while the Bard of England may not have even written his quartos.

The universe is finite, infinite, expanding, contracting, sitting still while time crawls, moves too fast, or does not move at all.

I shall sing my song and wait for Godot. Perhaps Rosencrantz and Gildenstern will join me, even if they are dead. Maybe Joyce but he is probably sulking in Dublin. Maybe Milton but he is lost in paradise. Maybe even Lee though she maybe killing a mockingbird. Perhaps Salinger but he and Caulfield are probably stumbling in the rye. Maybe Socrates if he is not too busy with his inquiries. Or maybe Descartes if he is not too busy with his ball of wax and meditations. Maybe Albom if he gets his Tuesdays free. Maybe Albee if he is not crying wolf. Perhaps Kerouac when he is not on the road. Or maybe Hawthorne when he is done tending the garden and clearing out the gables. Perhaps Malory will lend his voice after Arthur's demise. Or maybe Gibbons after the Fall and Decline. Perhaps I can even convince Guttenberg to stop the presses and lend his voice.

Maybe.

Perhaps.

I shall sing my song, nonetheless, and wait for Godot. I shall even find Godot a city. Like Remeus and Romulus and Dido. I shall build a city on top of a hill higher than Macchu Picchu. I shall call it Erewhon. I shall put two lionesses at its gate and build a ziggurat at its center. The tower shall have seven gates with seven seals and made completely of alabaster and with hanging gardens. I shall make a temple for Godot and make a statue of him seated on his throne made of pure gold. And I shall put this city by the river Styx and place a colossal statue of the Son Dung Beetle peering out into the sea. And I shall call myself Ozymandius and carve my name upon every stone for future generations to see and be amazed.

I shall sing my song and wait for Godot. But while I wait I will retreat and go under like Zarathustra. I will teach that man is a rope between beast and overman. And I shall have Durkheim take down some notes. But Sorel and Bergson shall thwart my every move and will invoke the scream of Munch to scare me away. But I will return and cross the Rubicon with Elijah and Elisha who will anoint me with oil and call me messiah. And I will circle the walls of Erewhon and its sister city Usher until everything comes crashing down. I will slay Sorel, Bergson and their champions Hektor, Enkidu and Sampson. And I shall take Helen and Gunievere from the city and make them Vestal Virgins. In the cities I shall try to find a dozen honest men and fail. And Godot will send fire and brimstone and the bomb upon Erewhon and Usher to wipe the world of wickedness and sin. And Godot, Grendel and Job will laugh from the halls of Valhalla while the gods weep in Mt. Olympus.

Still, I shall sing my song and wait for Godot. But before I wait, I shall travel to far away places and live the life of a Homeric poem. I shall be amazed like fair Portia and Huxley as I brave this new world. I shall be swift, tell the Irish to eat their babies, have a war between books and converse with gentle horses. I shall perform the Seven Labors three times. I shall be a wily sailor lost years at sea while the god of earthquakes pursues me. I shall be a knight chasing down windmills and join a motley crew of heroes in search of a golden fleece. I shall search for a Holy Grail and be struck down by lightning before I touch it. I shall be a child on a Crusade forever lost on my way to Palestine. I shall reach the Orient and write a book, while Erik the Red mocks me when I find a world of grapes. I shall stop the Turks at Vienna and watch helplessly as Scipio defeats Hannibal at Zama. I shall see the sky lit up in flames as a zeppelin falls from the heavens and smile with glee when the unsinkable gets sunk at sea. And I shall fight bravely with the Spartans at Thermopylae.

And then I shall meet Godot at the crossroads on frozen tundra when Nanook is up North with Robert Johnson. He will call me "Victor F." and will ask for his name. "The Creation is the Creator, and the Creator his Creation," I shall reply. And we together like Pip and Stella or Bogart and Raines will walk pass the ashes of Erewhon, Xanadu and Utopia and enter the forbidden land guarded by an angel with a sword of flames. And there we shall eat from the Tree but will not be reprimanded. And there we shall mock Satre's notion of Hell and Dante's visions of Heaven. And there we shall wait for another asleep in Avalon who will come to lead us to Ragnarok. And we shall fight the soothsayers, politicians and holy men of the world until the firmament cracks and Gaea becomes barren.

We shall die and be eternally reborn.

And we shall live these memories again and again . . .

And Nietzsche and Christ will walk hand in hand singing the Song of J. Alfred Prufrock with tears of joy in their eyes like Alex after hearing Beethoven's Ninth.

-- JPN 12/29/00

Saturday, November 3, 2007

Music Weltanschauung

(A more enjoyable read if one has Patrick Bateman's voice in mind . . .)

LESSON #1: Basics (the 4 Bs)

BEATLES
There was a time I could tell you which album and track number a particular Beatles' song came from. No joshing. Arguably, they were simultaneously the best and most popular at their craft. That is hard to match in any type of discipline.

PERSONAL FAVORITE: Revolver. Technically, sonically, and lyrically their most succinct work. A giant leap from the Dylanesque Rubber Soul (another favorite). "For No One" is quite possibly McCartney's most honest work, an underrated classic any lovelorn guy would appreciate. Lennon re-wrote pop music with "Tomorrow Never Knows" ("Turn off your mind, relax, and float downstream"). George matures with "I Want to Tell You" and the acerbic "Taxman." And Ringo, well, Ringo was the drummer . . . seriously, "Yellow Submarine" hums with childish glee that only Ringo could've pulled off.

BOB MARLEY
Who doesn't like Robert Nesta Marley? Disliking Bob is like refusing a nice cold ice cream sandwich on a hot, humid day. Especially after one has cotton mouth after taking a couple of ridiculously cough-inducing bong hits. Lick samba, lick samba, lick samba, me say lick samba . . .

PERSONAL FAVORITE: Kaya. Should you ever wake up early one fine Sunday morning, have some herbal remedy, relax, and put this disc on. Everyone knows "Sun is Shinning," but the real gems here are "Misty Morning" and "She's Gone." Oh mockingbird have you ever heard words that I never heard . . .

BOB DYLAN
Robert Zimmerman from Duluth. Yes, most folks in the 30 and under set probably don't think they can relate to Mr. Dylan. I felt the same way, until I actually heard some of his earlier stuff. Mind freakin' blowin' in the idiot wind with a leopard-skin pill-box hat! Aside from John Lennon and Bob Marley, quite possibly the greatest singer-songwriter of the 20th century.

PERSONAL FAVORITE: Blood on the Tracks. His most accessible record, never has Dylan blended lyrical imagery with melodic hooks so seamlessly. "Tangled Up in Blue" and "Shelter from the Storm" are highlights. The record could have been autobiographical or rehashed Chekhov short stories or inspired by a Kubla Khandian opium dream. With Dylan, it's always an enigma.

BEETHOVEN
You read about him in high school and watched Immortal, Beloved countless times (although, to digress, Foreman's treatment of Mozart in Amadeus was a far superior film with respect to the Classical Era music composer movie genre). The man was deaf, but still composed music. I refuse to type with a hangnail.

PERSONAL FAVORITE: Piano Sonata No. 8 in C minor, Op. 13, "Pathetique." Yeah, you've heard this one before. This is the one that makes me sob like a little licentious tramp and wonder where my childhood innocence, my dreams, my loves, my faith have all ran off . . .

It's hip to be square.

Blue Whales

Not unlike my fellow six billion brethren, I've always had that singular aspiration. No, my ambitions never ran as high as ruling the world or walking on the moon ("giant steps are what you take . . ."). No, my fellow readers, my aspiration was to write a novel. Dare I say, the great American novel.

After 29 years of godblessed existence, here's what I have so far:

"Diego remembered the day the last of the Blue Whales died. He read about it on page 7 of the New York Times. Apparently, a pack of Orcas had killed it. It was the ocean equivalent of an African elephant being mauled by a pack of wolves. How novel, Diego thought."

Cela est tout. 5 sentences. I have no clue why the protagonist is named Diego given that this is supposed to be the great AMERICAN novel. Also, I thought it rather odd that Blue whales go extinct via the circle of life rather than by a harpooner's hand. Perhaps this illustrates my faith that mankind, despite its current rate of "progress," will not be involved in causing ALL future extinctions and ecological failures.

On a different note: help control the pet population; have your pets spayed or neutered. We miss you, Bob.

"Moonlight spills on comic books . . ."

For my fan boys out there, I posit this query:

The Silver Surfer vs. Superman

Specifications:
1. The Silver Surfer, obviously, is endowed with the full breadth of the Power Cosmic.
2. Superman, indubitably, is under a yellow sun system.

Twists:
1. The Silver Surfer is still trapped within the Earth's environs per Galactus' decree.
2. Superman has, at his disposal, Mjolnir (Thor's magical hammer for the uninitiated) and Capt. America's indestructible shield.

My pick:
Silver Surfer. Assuming it is not the Pre-Crisis, Silver Age Superman who could juggle planets and reignite dead suns with his heat vision, even a fraction of the Power Cosmic would decimate the Man of Steel. Also, even without his cosmic abilities, the Silver Surfer still has comparable power levels with Superman -- i.e. strength, speed, durability, etc.

You speak the truth, you say, but how about Mjolnir and Capt.'s shield? My answer: sadly, Clark relies too much on his brawn and superabilities and, therefore, lacks the requisite warrior/combat skills to adequately utilize, let alone master, those two devastating weapons. Your mileage my vary on this, my fellow fan boy . . .

However, it would be a Pyrrhic victory for good ol' Norrin as a battle of this magnitude would surely lay waste to at least half the planet.

Anyhoo, SHAZAM!!! my fellow fan boys . . . catch you on the other side of the Rock of Eternity.

Addendum:
Bats would kick anyone's ass, if you ask me. He'd find a way to siphon off the Power Cosmic and, using Mjolnir and Capt.'s shield, have the Silver Surfer tasting dirt inside five minutes.

You Are . . .

You are not your insecurities,
You are not your bank account,
You are not your car,
Your are not your words,
You are not your body,
You are not your mind,
You are not your clothes,
You are not someone's bitch,
You are no one's master,
You are not your flat screen,
You are not your Blue Tooth,
You are not your laptop,
You are not your Black Berry,
You are not your breaking heart,
You are not your tears,
You are not mood music,
You are not your iPod,
You are not God's child,
You are not the Devil's cleft foot,
You are not your happiness . . .

You are the universe. Or, rather that part of the universe with the special temporary ability to be self-aware. For some, the self-awareness spans many decades; for others, the self-awareness is abruptly cut short in the womb. However, we are all blessed with it.

That is what you are: a piece of everlasting stardust with the brief ability to think, to know, to dream, to question.

This is the Word according to the Gospel of Goodguyako.
Amen.